Muganga – Une ode à l’homme qui répare les femmes

Depuis plus de 30 ans, le docteur Denis Mukwege s’emploie à soigner les victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo. Au sein de l’hôpital de Panzi à Bukavu, le lauréat du prix Nobel de la paix en 2018 fait chaque jour l’impossible pour redonner leur dignité à ces femmes dont l’existence a été …

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Depuis plus de 30 ans, le docteur Denis Mukwege s’emploie à soigner les victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo. Au sein de l’hôpital de Panzi à Bukavu, le lauréat du prix Nobel de la paix en 2018 fait chaque jour l’impossible pour redonner leur dignité à ces femmes dont l’existence a été bouleversée. Le film Muganga – Celui qui soigne, dans nos salles depuis le 24 Septembre, nous raconte son combat pour faire connaître au monde ces atrocités et changer les choses.

Le corps de la femme comme arme de guerre en RDC

Une femme violée toutes les quatre minutes, c’est la sombre réalité en RDC,  pays d’Afrique Centrale embourbé dans des conflits meurtriers depuis plus de 30 ans. 

Dans un pays où le corps des femmes est utilisé comme champ de bataille, le docteur Denis Mukwege se bat pour guérir les victimes et garder l’espoir vivant. 

En 2023, 123.000 cas de violences sexuelles ont été recensés dans l’ensemble de la RDC, dont plus de 70 % d’entre eux à l’est du pays. Dans la province du Kivu en particulier, le viol et la destruction de l’appareil génital féminin sont utilisés comme armes de guerre par les milices armées. Bâtons, couteaux et machettes sont utilisés pour déchirer les organes internes des femmes. 

Quant aux maris et aux fils, ils sont soit tués sur le coup, soit forcés à regarder soit obligés à participer au viol même de leurs mères. Mais à quelle fin recourir à de telles atrocités sur les populations civiles ? Et pourquoi laisser volontairement en vie certaines de ces victimes et prendre le risque qu’elles dénoncent au monde leur expérience ? 

Parce qu’une morte ne parle pas. Et le but affiché de ces groupes armées est de semer la peur. Une peur visant à vider les villages de l’est du Congo afin d’exploiter sans interférence les vastes réservoirs de ressource sur place. La ressource en question ? Le coltan, minerai indispensable à la production des composants électroniques présents dans nos portables et nos ordinateurs pour ne citer qu’eux. A lui seul, le Kivu abriterait entre 60 et 80% des réserves mondiales de coltan et les milices armées locales se battent pour en assurer son extraction. 

Et une région vide est bien plus simple à exploiter qu’une région densément peuplée. 

Au cœur de cette tragédie se retrouvent donc ces milliers de femmes qui ont tout perdu et qui sont souvent répudiées par leurs familles et leurs villages. Dans cet enfer, l’hôpital de Panzi du chirurgien Denis Mukwege, fait office de havre de paix.  

Mukwege, un exemple d’empathie au milieu de la haine

Prix nobel de la paix en 2018, Denis Mukwege, celui que l’on surnomme “l’homme qui répare les femmes” s’emploie depuis plus de 30 ans à soigner les victimes de violences sexuelles au Congo. Depuis sa création par Mukwege en 1999, l’hôpital de Panzi a traité plus de 87 000 victimes de violences sexuelles. 

Véritable sanctuaire de guérison, d’autonomisation et d’espoir pour les patientes, l’hôpital de Panzi propose selon Mukwege une prise en charge “holistique”. Celle-ci concerne à la fois l’aspect médical, psychologique, socio-économique et légal et permet aux victimes de redevenir maîtres de leur existence. 

Cette vocation de médecin, Mukwege l’a développée très tôt. A l’âge de 8 ans, frustré de ne pouvoir venir en aide à un enfant malade, il décide de devenir un muganga, “celui ou celle qui soigne” en swahili. 

Malgré les nombreuses intimidations dont il fait l’objet, Mukwege poursuit son travail et parcourt le monde afin de mettre fin à l’impunité des criminels de guerre.

Un film absolument nécessaire pour comprendre la situation en RDC

Tout ceci nous amène à Muganga – Celui qui soigne, long-métrage franco-belge réalisé par Marie-Hélène Roux et qui nous raconte son combat. Dans le rôle du docteur Mukwege, on retrouve Isaach de Bankolé qui brille à l’écran par son charisme et sa douceur enveloppante.

Le film se focalise sur la rencontre entre Mukwege et le chirurgien Guy-Bernard Cardière. Cette rencontre influencera grandement Mukwege, tant dans son approche des patientes que dans sa vision de la vie face aux atrocités dont il est témoin chaque jour. 

Parallèlement à la crise de conscience que traverse Mukwege, le film pose la question suivante : comment garder espoir et continuer d’œuvrer pour le bien face à des atrocités qui nous dépassent à tout point de vue? 

Comment ne pas se sentir impuissant ? C’est précisément ce que la réalisatrice veut faire ressentir au spectateur dès la première scène du film. Froidement choquante et réaliste, volontairement placée dans un cadre typiquement occidental, les violences sexuelles y sont présentées comme un sujet universel, bien loin d’être cantonnées uniquement à la RDC.

Pourtant, tout au long de Muganga, les femmes ne sont pas présentées comme subissant leur destin, bien au contraire. Elles sont actives et prennent en main leur guérison avec l’aide du docteur Mukwege et du personnel de Panzi. En résultent des scènes de pure joie et de célébration où la musique et la danse font office d’actes de résistance face au traumatisme passé. 

Et si le film est parfois difficile à regarder du fait de la dureté de ses scènes, l’espoir et la perspective de la guérison ne sont jamais loin.

Régi par une mise en scène sèche bien découpée, par un rythme soutenu et un casting impliqué, Muganga réussit à mettre en lumière de façon accessible la situation actuelle en RDC. 

Le film parvient à donner envie au spectateur de se renseigner sur la réalité de ce conflit et à en parler autour de lui. Et c’est peut-être sa plus grande réussite. Après tout, comme le dit un personnage du film qui demande aux victimes de se livrer sur leurs expériences

“Il faut briser le silence, il faut faire sortir la douleur.”

Laurent D

Laurent D

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